Devoxx (pas seulement l’édition 2013 !) se déroule dans un complexe cinématographique, le Kinépolis. Il s’agit du deuxième plus grand d’Europe, le premier se trouvant à Barcelone. Même si ce complexe est aussi le lieu de congrès (Devoxx en fait partie !) et de manifestations d’entreprises, il s’agit avant tout d’un ensemble de salles de cinéma, dans lesquelles on peut même projeter des films, avec des vrais acteurs, mais sans slides ni live coding (oui, c’est un peu décevant, mais il semble que certaines personnes aiment ça…). J’ai eu la chance de pouvoir aller en visiter les coulisses (merci Stephan), et même si l’arrivée du numérique a bouleversé l’organisation des salles de projection, l’ambiance y reste incomparable. Je vous convie donc à une petite visite guidée, où l’on parle picture in picture, teraoctets et fibre optique. Qu’il est loin le projectionniste de Cinema Paradiso !
Le dévoxxien curieux n’aura pas manqué de remarquer les projecteurs en haut de chaque salle. Curieux parce qu’en fait, le spectale se déroule plutôt de l’autre côté de celui qui est sur cette photo. Et que si l’on vient à Devoxx, c’est plus parce que l’on s’intéresse à ce qui se passe en bas, sur la scène et sur l’écran. Le gros projecteur à droite sur la photo est utilisé pour projeter les films, celui de gauche, qui est en fonctionnement, est installé par Devoxx.
Le dévoxxien encore plus curieux (il n’y en a pas sur cette photo) aura remarqué la structure du plafond du grand espace qui donne accès aux salles. La partie blanche, inclinée, est le dessous de la salle proprement dite. Au-dessus se trouvent les fauteuils en gradins. La partie noire est le sol de la salle de projection, unique, qui permet de distribuer les images sur l’ensemble des salles du complexe. Astucieusement conçu. On peut accéder à cette salle par un escalier dérobé (oui, comme dans Harry Potter), et là, un autre paradis de geek nous attend.
La première vision de cet espace est saisissante : si l’on n’avait grimpé une belle volée d’escaliers et fini par un escabeau de meunier, on aurait eu l’impression d’être à la cave. Mais bon, les caves aux greniers, même les architectes les plus avant-gardistes n’y ont pas encore pensé. Mieux vaut peut-être ne pas le crier trop fort d’ailleurs…
Pas de lumière du jour, on y voit à peu près clair grâce à la multitude de voyants que comptent les différents switches, disques durs en rack, la console audio, et bien sûr, les écrans vidéo de contrôle. Étrange local, concentré de Devoxx, chef d’orchestre de la grand messe.
Car c’est ici que tout converge. L’ordinateur portable de chaque orateur (qui de nos jours penserait projeter nos bons vieux transparents ?) est relié à cette régie vidéo. Cette régie dirige le flux vidéo vers l’enregistreur d’une part, et vers le projecteur d’autre part. L’enregistrement permettra la retransmission de la présentation sur Parleys, dans les meilleures conditions. Une deuxième image arrive également : celle capturée par la caméra vidéo. Ces deux images, celle de l’écran et celle de l’orateur sont ensuite incrustées dans une troisième, qui est projetée sur les écrans géants de la salle, suivant la technique du « picture in picture ».
Ces deux flux vidéos vont aboutir provisoirement dans un rack de disques durs. Provisoirement car ces teraoctets de flux vidéos seront ensuite réencodés avant leur mise en ligne. Ils seront ensuite traités par les indexeurs Parleys et synchronisés entre eux de façon à produire l’expérience Parleys, que tous les Devoxxiens connaissent bien.
Le son arrive également dans ce local. Il est mixé avec les flux vidéo avant enregistrement : celui de l’orateur et de celui de l’écran de son ordinateur. Il est également redistribué sur le circuit de sonorisation des salles. Une unique console de mixage assure ces fonctions pour l’ensemble des salles de Devoxx.
Le son et la vidéo sont traités, Devoxx peut fonctionner. Il reste encore deux points, et le premier n’est pas des moindres : la synchronisation des speakers. Car cette belle machine repose sur une hypothèse : tous les speakers de chaque salle démarrent leurs présentations au même instant. S’il y a un retard technique dans une salle, tout le monde doit attendre. Et bien sûr, si elles commencent au même moment, elles doivent aussi se terminer au même moment ! Chaque speaker a donc sous les yeux un écran sur lequel défile le temps qu’il lui reste. Cet écran est contrôlé de cet endroit. Cette synchronisation permet de contrôler tous les flux vidéos ensemble, ce qui simplifie la tâche des opérateurs.
Hasard de la déco de cette pièce, le gardien du temps de parole n’est pas vraiment du genre à rigoler. Gaffe à toi, innocent speaker, si tu fais un pas de travers…
Les flux vidéo sont maintenant enregistrés, reste à les projeter dans les salles. Le bout de la chaîne, ce sont bien sûr les projecteurs proprement dit. Et vue la taille des salles et des écrans, le petit Barco de nos salles de réunions préférées risque de ne pas être tout à fait assez puissant.
En fait cet écran est illuminé grâce à un Barco, mais un peu plus gros, d’une centaine de kilos. Oui, il vaut mieux que ce truc soit bien stable ; la moindre vibration du projecteur prendrait une amplitude telle sur les écrans géants du Kinopolis que cela en rendrait nos chers slides, et nos chères démos approximativement illisbiles.
Il ne reste plus qu’une chose à gérer pour que la grande fête soit complète : l’accès réseau, et c’est aussi d’ici qu’il est géré. Les anciens Devoxxiens le savent : l’accès au Wifi est une réelle question. Stephan ne le cache pas : c’est un budget important, et la qualité n’a pas toujours été au rendez-vous lors des précédentes éditions. Cette année pas de couac : les 3500 geeks polyconnectés que nous sommes ont eu leur Wifi. Sachant que le Devoxxien moyen possède un portable, un smartphone, une tablette, voire deux, cela doit faire pas loin de 10 mille appareils à connecter au réseau Wifi à un moment donné.
Là encore, une solution : les grands moyens ! De la fibre optique dédiée, et un joli écheveau de câbles sur un rack de switches.
Malgré toute cette belle technique, le succès repose tout de même sur une petite armée de techniciens, deux par salle, en plus de ceux qui gèrent la salle de contrôle. Tout ce petit monde est en liaison vocale permanente. Un couac quelque part ? Un laptop qui ne peut se connecter en entrée du réseau vidéo ? Pas de souci, tout cela est géré en quelques minutes, au prix de quelques sprints dans les escaliers des grandes salles. Technicien vidéo, un métier de tout repo ? Manifestement pas pour tout le monde !
La visite est terminée, retour à la fête (quoique les quelques personnes qui travaillent ici sont, eux aussi, d’une certaine façon, à la fête !). Je jette un coup d’œil à la présentation que j’aperçois par la lucarne du projecteur. Effectivement, rien n’est simple…