L'objet de ce dernier paragraphe consacré à la présentation de l'API Servlet est de balayer les différentes techniques, récentes et moins récentes, qui permettent d'obtenir une connexion à une base de données lorsque l'on est dans une application Web.
Toutes ces techniques sont construites sur JDBC, et commencent par établir une connexion ou une source de données (datasource). On retrouve donc les mêmes éléments que pour l'établissement classique d'une connexion à une base de données :
une dépendance vers le driver JDBC, qui dépend de la base à laquelle on veut se conncter ;
la fourniture d'une URL d'accès, comportant notamment le nom de la machine qui héberge ce serveur ;
l'utilisation d'un identifiant de connexion et d'un mot de passe.
Comme nous allons le voir, le code technique d'établissement de la connexion peut être écrit
explicitement dans une servlet, de différentes manières, ou être exécuté par le serveur Tomcat
(ou autre), qui va ensuite l'exposer à notre application. Il faut bien sûr que le JAR qui contient
notre driver JDBC soit disponble, soit dans le répertoire WEB-INF/lib
de notre application, soit dans le répertoire lib
de Tomcat.
Se connecter manuellement consiste à écrire le code classique de connexion JDBC à une base de données dans une servlet. On peut imagine de le faire de deux manières.
Directement dans une méthode doGet()
, ce qui va consister à établir une connexion à
chaque requête. Cette façon de faire peut être utilisée à titre de test, mais en aucun cas ne
doit être utilisée dans une application en production ! L'établissement d'une connexion est un
processus coûteux, totalement incompatible avec les exigences de performance d'une application
web. Cette façon de faire est absolument à proscrire.
En utilisant la méthode init()
d'une servlet. Cette approche utilise le même code,
et est un peu meilleure : au moins la connexion est établie une fois pour toutes, et peut être
réutilisée à chaque requête.
Cette deuxième approche est meilleure, et à même constitué un pattern durant un certain temps. Voyons
un code possible pour cette méthode init()
.
Exemple 3.9. Établissement d'une connexion : méthode init()
public void init(ServletConfig config) { String url = config.getInitParameter("db-url") ; String login = config.getInitParameter("db-login") ; String passwd = config.getInitParameter("db-passwd") ; Connection con = DriverManager.getConnection(url, login, passwd) ; config.getServletContext().setAttribute("db-connection", con) ; }
Les paramètres db-url
, db-login
et db-passwd
sont
écrits dans le fichier web.xml
, ce qui permet de pouvoir les modifier sans
avoir à recompiler notre application.
Exemple 3.10. Établissement d'une connexion : paramétrage dans web.xml
<context-param> <param-name>db-url</param-name> <param-value>jdbc:mysql://localhost:3306/db_test</param-value> </context-param> <context-param> <param-name>db-login</param-name> <param-value>scott</param-value> </context-param> <context-param> <param-name>db-passwd</param-name> <param-value>tiger</param-value> </context-param>
La connexion est ensuite attachée au contexte application. Elle devient donc disponible auprès de toutes les servlets de notre application. Une fausse bonne idée consisterait à enregistrer cette connexion dans un champ statique.
Comme un serveur est censé charger les servlets dans l'ordre dans lequel elles sont
déclarées dans le fichier web.xml
, il suffit de mettre la servlet qui sait
se connecter en premier pour garantir que toutes les servlets pourront lire cette connexion.
On peut même, ultime raffinement, ne pas associer cette servlet à une URL. Cette servlet
est donc "borgne", on ne peut pas faire de requête dessus, son seul rôle consiste à
établir cette connexion.
En fait, cette méthode n'est guère meilleure que la première, même si elle peut paraître plus séduisante.
Effectivement, écrite de cette façon, elle ne crée qu'une unique connexion, que vont devoir utiliser toutes nos requêtes. Dans certains contextes, il serait plus sûr de créer une réserve de connexions, de façon à mieux gérer les montées en charge.
Mettre un pool de connexions plutôt qu'une connexion unique serait donc meilleur, d'autant qu'un pool permettrait de gérer aussi le cycle de vie de ces connexions : notamment retirer les connexions mortes, et les remplacer par d'autres.
Mais il reste tout de même un problème, dans le cas d'un serveur en cluster. Dans ce cas les contextes doivent être transmis de nœud en nœud, et les objets attachés à ces contextes doivent être sérialisés. Les objets de connexion ne sont pas sérializables, cette solution ne supportera donc pas le clustering.
D'une façon générale, cette méthode convient aux anciennes installations, ou code legacy, mais ne doit plus être utilisée.
Cette dernière méthode est celle qui doit être utilisée dans le cadre de l'utilisation d'un serveur de servlets, type Tomcat ou Jetty. Des variantes plus efficaces sont disponibles dans les serveurs JEE complets.
Elle consiste à déclarer une datasource au niveau de l'application web, et de la lire par requête JNDI dans les servlets qui ont besoin de se connecter à la base.
Dans le cas de Tomcat, la déclaration de cette source de données peut se faire dans le fichier
META-INF/Context.xml
de l'application web, comme suit.
Exemple 3.11. Déclaration d'une source de données dans le fichier Context.xml
<Context> <Resource name="jdbc/tp-servlet" auth="Container" type="javax.sql.DataSource" maxActive="20" maxIdle="10" maxWait="100000" username="scott" password="tiger" driverClassName="com.mysql.jdbc.Driver" url="jdbc:mysql://localhost/db_test" validationQuery="select 1" testOnBorrow="true"/> </Context>
On reconnaît les différents éléments constitutifs d'une connexion JDBC : le nom du driver, l'URL de connexion, l'identifiant de connexion et le mot de passe.
Cette ressource possède un nom : jdbc/tp-servlet
. C'est par ce nom logique que l'on va pouvoir
lire cette ressource de l'intérieur du code d'une servlet.
Enfin, on remarque quelques paramètres techniques, propres au gestionnaire de réserve de connexions utilisé par Tomcat : DBCP.
maxActive
, maxIdle
et maxWait
: ces paramètres règlent le
fonctionnement du pool proprement dit : le nombre maximal de connexions actives
à un moment donné, le nombre maximal de connexions inactives (le surplus sera fermé), et un
timeout.
Les paramètres validationQuery
et testOnBorrow
permettent de tester si
une connexion est active avant qu'elle soit fournie au code appelant. Effectivement, certains serveurs
de bases de données, MySQL entre autres, ont la fâcheuse tendance à fermer autoritairement une connexion
qui n'a pas été utilisée pendant un certain temps. Le driver JDBC n'est pas informé de cette fermeture,
ce n'est que lorsque l'on tente une requête SQL que l'on se rend compte que cette connexion est en fait
fermée.
Il ne nous reste plus qu'à demander une connexion à ce pool une fois dans notre servlet.
Exemple 3.12. Obtention d'une connexion du pool
try { // lecture du contexte JDNI de notre servlet Context initContext = new InitialContext() ; // initialisation de ce contexte Context envContext = (Context)initContext.lookup("java:/comp/env") ; // lecture de la datasource définie par requête JNDI DataSource ds = (DataSource)envContext.lookup("jdbc/tp-servlet") ; // demande d'une connexion à cette datasource Connection conn = ds.getConnection(); pw.print(" " + conn) ; } catch (NamingException e) { // gestion de l'exception } catch (SQLException e) { // gestion de l'exception }
Le code qui précède peut être appelé d'une méthode doGet()
. La connexion qu'il obtient est beaucoup
plus sûre que dans les exemples des paragraphes précédents :
c'est une connexion qui a été établie dans le pool, le coût de son établissement a déjà été payé ;
elle vient d'être testée par DBCP, on est donc sûr qu'elle n'a pas été fermée par le serveur de base de données.
Cette méthode supporte parfaitement la clusterization : en cas de distribution de notre application sur plusieurs nœuds, Tomcat créera un pool de connexion par nœud, il n'y aura donc aucun problème de mauvaise transmission d'une connexion d'un nœud à l'autre.
Enfin, cette approche est supportée par JSTL et JSF. Une requête SQL écrite en JSTL peut parfaitement s'adresser à une telle ressource.